Cette espèce fait partie de la famille des Araucariaceae.
Section Araucaria.
Cordillère des Andes, au sud du Chili et en Argentine.
Découvert dans les Andes, en 1780, par Don Francisco Dendariena, officier de marine et explorateur espagnol qui était à la recherche de bois pour la construction de bateaux.
– La légende veut que le médecin de la marine britannique et botaniste Archibal Menzies, invité à un repas à la table du gouverneur du Chili, ait dérobé les graines d’Araucaria qui lui étaient proposées en dessert et l’aurait ainsi introduit en Angleterre en 1795 dans les Jardins de Kew à Londres.
Cultivé tout d’abord en serre, une seule graine survécut. Le sujet fut mis en pleine terre en 1806 mais mourut en 1893.
– Introduit en France vers 1825 par des graines rapportées par l’officier de marine Nicolas Joseph Marie de Kersauzon. Une vingtaine de graines furent semées avec succès dans le Finistère, au manoir de Pennendreff à Plourin où l’on peut découvrir encore leurs descendants car le dernier arbre mourut après les années 1980.
– Introduit en 1837 au Jardin des Plantes de Paris par Joseph Neumann.
– En 1844, le botaniste britannique William Lobb qui avait collecté avec son frère de nombreuses plantes pour les pépinières Veitch & Sons, fit parvenir en Europe un très grand nombre de graines dont Araucaria araucana et Sequoiadendron giganteum, ce dernier lui valut le surnom de ‘messager du grand arbre’.
Araucaria araucana (Molina) K.Koch
– En 1782, Juan Ignacio Molina écrit la première étude d’histoire naturelle du Chili dans laquelle il est le premier à décrire l’Araucaria araucana mais il le nomme Pinus araucana.
L’épithète Araucana vient de araucan dérivé de Arauco. Araucan est le nom représentant l’ensemble des indiens parlant la même langue et vivant dans cette même région.
– Il fut reclassé en 1869 dans le genre Araucaria par le botaniste allemand Karl Koch.
Le nom du genre Araucaria a été créé en 1789 par le botaniste français Antoine Laurent de Jussieu en référence au nom de la 9éme région du Chili, l’Arauco ou Araucania dont le blason et le drapeau représentent des araucarias.
– Le botaniste et pharmacien espagnol José Antonia Pavon, spécialiste de la flore du Pérou et du Chili, lui a attribué l’épithète imbricata en référence à ses feuilles imbriquées mais ce nom ne fut pas retenu.
– Pehuén est le nom le désignant dans la langue des indiens Mapuche-Pehuenche.
– Le nom ‘désespoir des singes’ a été donné en référence aux écailles recouvrant l’arbre qui décourageraient même un singe. MAIS car il y a un mais, un Chilien n’aurait pas pu lui donner ce nom, tout simplement parce qu’il n’y a pas de singes au Chili; en fait, cette dénomination viendrait d’une plaisanterie d’un pépiniériste de Cornouailles (Angleterre) au XIXe siècle.
– On trouve souvent l’espèce angustifolia sous le nom d’arbre à candélabres mais ce nom pourrait tout autant être attribué à d’autres espèces et particulièrement à l’araucana dont il est très proche.
Cette espèce vit dans les forêts bordant les rivières des versants pluvieux de montagnes de 600 à 1 800 m d’altitude dans son habitat, sur des sols volcaniques, pierreux ou acides.
Il résiste aux irruptions volcaniques et donc aux incendies mais il est sensible à la pollution et aux embruns.
Sa résistance au gel atteint jusqu’à -12°C, toutefois, sur une courte période il peut parfois résister jusqu’à -20°C.
– Sa croissance est lente. Sa longévité moyenne est de 100 ans minimum mais il peut vivre beaucoup plus longtemps, certains parlent de 1 000 à 2 000 ans.
– Cet arbre de 15 m peut atteindre 50 m, avec 1,50 à 2 m de diamètre.
Au début de sa croissance, il a un port pyramidal avec des branches à l’horizontal mais les vieux sujets, à hauteur élevée, ont plutôt une ramure arrondie due à leurs branches qui s’inclinent.
Les branches sont verticillées généralement par 5 et les secondaires sont opposées. Les branches basses finissent par tomber en laissant des cicatrices sur le tronc.
– Les racines de surface et la souche peuvent parfois régénérer végétativement.
– Son écorce est épaisse, grise, résineuse et se craquelle par plaques. Quand il est adulte, ses écailles épaisses le protègent contre les incendies mais c’est surtout son écorce qui va résister car elle est très épaisse, jusqu’à 15 à 20 cm, elle représente 25% de la tige. Si une partie de la base du tronc est attaquée par le feu, la partie carbonisée sera recouverte l’année suivante par régénération des tissus l’entourant qui fermeront la plaie calcinée, parfois ce phénomène se renouvelle plusieurs fois au cours des années et une analyse du tronc permettra de dénombrer le nombre d’incendies subis.
L’arbre entier est recouvert d’écailles coriaces à la pointe acérée et ce pendant une quinzaine d’années, ensuite le tronc ne développe plus d’écailles et laisse apparaître l’écorce.
– Son feuillage particulier est adapté au rude climat des Andes.
Les feuilles sont persistantes, disposées en spirales sur la tige, en écailles en forme de lances, de 3 à 4 cm sur 1,5 à 2 cm, vert foncé brillant.
– Cet arbre est généralement dioïque.
Les strobiles mâles sont cylindriques et mesurent de 12 à 15 cm sur 4 à 5 cm; chaque écaille porte 6 à 15 sacs polliniques; le strobile femelle est globuleux et atteint environ 20 cm.
– La maturité du cône intervient de 16 à 24 mois après pollinisation.
– Les graines mesurent de 4 cm sur 1,5 cm.
En Europe, c’est l’espèce la plus connue des araucarias.
– Autrefois, le bois servait pour le chauffage et pour les constructions diverses et surtout pour confectionner des mâts de bateaux.
C’est un bois jaune brunâtre, dur et durable, de grande qualité, utilisé industriellement pour le contreplaqué, les meubles et les bateaux.
Victime de surexploitation, cette espèce apparaît désormais dans la liste des espèces menacées et le commerce de son bois est particulièrement réglementé.
– La résine était utilisée comme médicament aux vastes utilisations dont les ulcères de la peau, les maux de tête…
– Alimentaire
Autrefois, les Mapuches, communautés aborigènes du Sud du Chili et de l’Argentine, utilisaient les graines – les pignons comme aliment de base.
Les pignons grillés sont consommés comme dessert.
La récolte des graines a été limitée et réglementée depuis 1982.
– Ailleurs que dans son habitat d’origine, il est essentiellement utilisé comme arbre d’ornement. En France, c’est l’Araucaria le plus planté car le plus rustique.
– C’est l’arbre national du Chili.
Déclaré ‘Monument naturel’ à la fin du XXe siècle donc espèce protégée.
En 2000, il était considéré comme une espèce vulnérable.
– Arbre sacré
Les Mapuche-pehuenche, habitants des Andes du Chili à l’Argentine, pensaient que les racines du mâle et de la femelle se reproduisaient sous terre. Ils considèrent que chaque arbre est l’incarnation d’un esprit. À l’heure actuelle, par respect de la nature, les Mapuches du Mexique continuent de se battre afin de les sauver de l’extinction.
Mise à jour le 14 septembre 2022.